Tout le monde connaît Bedrich Smetana, mais qui le connaissait vraiment ? Ses compatriotes le considéraient comme le père de la musique tchèque. Au niveau international, la renommée de Smetana se limite essentiellement à La fiancée vendue (opéra) et à Ma patrie (cycle de poèmes symphoniques, dont La Moldau). Le label Supraphon fait de son mieux pour rendre la musique de Smetana largement
… accessible. En 2024, il a publié un boîtier complet contenant les opéras (enregistrements 1960-1983). Le présent coffret contient l'œuvre symphonique dans de belles interprétations dirigées par le chef d'orchestre Petr Popelka. Une fois de plus, My Fatherland s'avère être le point culminant de l'œuvre. Les poèmes symphoniques antérieurs (d'après Richard III de Shakespeare et Wallenstein de Schiller) sont plus faibles. Ils sont néanmoins intéressants car ils ont été stimulés par l'amitié de Smetana avec Liszt, le fondateur du poème symphonique. Cette orientation vers Liszt (et Wagner) a suscité l'irritation des nationalistes tchèques de l'époque, qui n'appréciaient pas ces insultes étrangères. À cet égard, le (prétendu) nationalisme de Smetana a toujours été un sujet de discussion. Il en va de même pour le chef d'orchestre Petr Popelka. Il n'y a pas une once de nationalisme dans Ma patrie", déclare Popelka : "Elle est composée à partir d'un amour sincère qui est (...) désarmant". Il y a aussi l'arrangement orchestral idiosyncrasique de George Szell pour le quatuor à cordes My Life de Smetana. Malgré cette bizarrerie, Popelka apprécie le caractère dramatique de cet arrangement rarement joué. Il raconte une histoire (...), semblable à la Sixième Symphonie de Tchaïkovski", explique Popelka. Notez le ton aigu et strident du dernier mouvement. C'est ainsi que les acouphènes de Smetana auraient résonné, laissant présager une surdité totale. (HJ)plus