Combien de facettes d'un compositeur restent à découvrir, 150 ans après sa naissance ? En cette année commémorative, l'Orchestre national de France s'attaque à l'œuvre de Maurice Ravel de manière importante. Avec cet album live, le chef d'orchestre Cristian Măcelaru offre non seulement un échantillon de la musique orchestrale de Ravel, mais aussi une interprétation étonnamment personnelle.
Son Ravel est moins velouté que ce que l'on entend souvent : il est plus sombre, plus tranchant et plus sérieux. La fin de la valse viennoise de La Valse, qui rappelle l'horreur, est inéluctable. Ou encore les passages choraux glaçants de Daphnis et Chloé. Fait remarquable, l'adaptation orchestrale du Tombeau de Couperin réalisée par Ravel est complétée ici par deux nouveaux arrangements (Fugue et Toccata) de David Molard Soriani. Le jeu de l'orchestre est superbe. Sous la direction de Măcelaru, les cordes prennent parfois un éclat presque mahlérien, la couleur des bois est chaude et stratifiée. L'enregistrement en direct est clair, spacieux et sans applaudissements. En bref, un album riche qui révèle des profondeurs inattendues d'un compositeur que nous pensions connaître. Les concertos pour piano de Ravel manquent malheureusement à l'appel, mais cette sélection est convaincante, à la fois comme hommage et comme réinterprétation. (JWvR)plus