Des symphonies pour orgue ? Au 19ème siècle, un type d'orgue aux allures orchestrales est apparu. Le facteur d'orgue Cavaillé-Coll en fut probablement le créateur le plus important. L'un de ses instruments les plus impressionnants est l'orgue de Saint-Sulpice à Paris. Elle a été jouée par Widor pendant environ six décennies. Il a composé dix symphonies dites d'orgue, dont la Cinquième
… (avec la Toccata) est devenue la plus célèbre. Les plus visionnaires, cependant, sont ses dernières symphonies : la Gothique (n°9) et la Romance (n°10). D'une certaine manière, ces deux symphonies préfigurent le XXe siècle, comme si la Gothique avait déjà quelque chose de Dupré et la Romane quelque chose de Tournemire. Les termes "gothique" et "roman" font référence aux styles architecturaux des églises où les symphonies ont été créées (respectivement à Rouen et à Toulouse). Les deux symphonies ont pour point de départ une mélodie grégorienne. Dans le Gothique, c'est Puer natus est nobis (pour Noël), dans le Romane Haec dies (pour Pâques). La Symphonie Romane, en particulier, est devenue un ensemble kaléidoscopique, grâce au thème grégorien flexible. Il est agréable que l'organiste Reitano ne joue pas ici l'organiste chevronné de récital. Cela rend justice au caractère contemplatif de cette musique. (HJ)plus