Sigfrid Karg-Elert, nous l'avons aussi. On l'oublierait presque, malgré sa productivité. Il a tellement composé qu'il n'avait plus lui-même de vue d'ensemble. Il a attribué des numéros d'opus au hasard, certains morceaux ont été sautés. Il a composé d'innombrables miniatures au caractère doux et impressionniste. Mais aussi de grandes pièces de concert, comme le choral symphonique Jesu,
… meine Freude. Il s'oriente vers le passé et le présent. Les Dreiunddreissig Portraits (harmonium) contiennent des copies de style allant de Palestrina à Schönberg. Il était un fervent défenseur de l'harmonium (Kunstharmonium, orgue expressif). Avec sa belle Sonate n°2 op.46 (harmonium), il a suivi les traces des grandes fantaisies B-A-C-H de Liszt et Reger. La Canzone de cette sonate montre à quel point l'harmonium peut être enchanteur. Malheureusement, Karg-Elert se heurte à des hostilités, en partie à cause de son nom jugé juif. Une tentative de reconnaissance aux États-Unis s'est soldée par une déception. Il est déjà gravement malade lorsqu'il retourne à Leipzig. C'est là qu'il mourut le 9 avril 1933. Sigfrid Karg-Elert, comment aurions-nous pu l'oublier ? Ce coffret collector pratique (orgue, harmonium, piano) permet d'accéder à une œuvre extraordinaire. (HJ)plus