Malgré un titre quelque peu trompeur, cet album ne contient pas une collection inconnue ou redécouverte de Mariavespers de Claudio Monteverdi. Comme chacun sait, Monteverdi n'a écrit qu'un seul ensemble complet de musique pour les chants de Marie : les célèbres Vespro della Beata Vergine (1610). Quel est donc l'objectif de cet album ? Une magnifique reconstitution de ce qu'aurait pu être le
… son d'un Mariavesper dans les dernières années de la vie de Monteverdi. Pour ce faire, l'ensemble Le Poème Harmonique s'est largement inspiré des motets et autres musiques spirituelles des dernières années de la vie de Monteverdi, comme le recueil Selva morale e spirituale (1640-1641) et la Messa a quattro voci e Salmi (1650), publiée à titre posthume. L'ensemble a pris comme point de départ une célébration vespérale vénitienne lors d'une des grandes fêtes de l'église. Le Poème Harmonique s'en donne à cœur joie. Les musiciens laissent libre cours à la créativité débridée de Monteverdi, avec laquelle le vieux maître a couvert à peu près tous les styles musicaux courants à l'époque. Le résultat est un album aussi riche que varié. Ainsi, le presque swinguant Laetatus sum prima, dans lequel Monteverdi varie à l'infini sur une ligne de basse répétée. Surprenant est le Pianto della Madonna, l'arrangement par Monteverdi de son célèbre Lamento d'Arianna, tiré de l'opéra perdu L'Arianna (1608). Le final de Beatus Vir est un moment fort : après une aria impressionnante de la basse avec un trombone sonore, le chœur et les solistes concluent par un Amen qui s'épanouit lentement. Monteverdi à son meilleur ! (JWvR)plus