Le compositeur
Hans Pfitzner aurait accusé son collègue Anton Bruckner d'avoir recomposé neuf fois la même symphonie. Les nombreux enregistrements des symphonies de Bruckner ont démontré à quel point cette affirmation était fausse. Le chef d'orchestre français François-Xavier Roth (fils du légendaire organiste
Daniel Roth) s'engage pleinement dans la nature innovante de la musique de
… Bruckner avec son propre cycle Bruckner. Dans une interview, il parle ainsi de "Bruckner, le progressiste". Le point de départ de Roth est de rester aussi proche que possible du Bruckner "original". Roth ignore les nombreuses adaptations que le compositeur a lui-même apportées à ses symphonies au cours des dernières années ; il se concentre sur les versions originales. Sur cet album, il s'agit de la version Linzer de la Première Symphonie (1868) et de la première version de la Deuxième Symphonie (1872). Ces deux premières versions montrent comment Bruckner se libère du carcan de la symphonie classique-romantique. Bruckner subvertit la forme sonate omniprésente en y ajoutant des passages uniques, souvent de nature autobiographique. Le premier mouvement de sa première symphonie, par exemple, contient des références subtiles à l'opéra Tannhäuser de Wagner, un compositeur pour lequel Bruckner éprouvait une admiration quasi divine. La deuxième symphonie est truffée d'autocitations. L'Adagio, par exemple, contient un fragment du Benedictus de la Messe en fa de Bruckner. Miraculeusement, Bruckner a supprimé cette citation et d'autres passages en gras dans les versions ultérieures. Ce sont précisément ces versions originales qui montrent à quel point Bruckner était déjà progressiste dans ses premières symphonies. (JWvR)plus