Tout le monde connaît la Symphonie pour orgue (n° 3) de Saint-Saëns, ne serait-ce que grâce à une chanson pop que nous laisserons de côté pour l'instant. Saint-Saëns a composé encore plus de répertoire pour orgue, sans parler de ses improvisations. Saint-Saëns a dédié les Trois Préludes et Fugues op.99 de 1894 à des collègues importants (respectivement Widor, Guilmant et Gigout).
Mais c'est surtout l'esprit de Bach qui prévaut ici. Comment pourrait-il en être autrement avec ce genre et cet instrument ? Il en va autrement avec l'œuvre d'ouverture, le Cyprès Et Lauriers de 1919. Saint-Saëns a vécu assez longtemps pour voir son monde changer complètement. Si ce n'est pas à cause de la guerre mondiale, c'est à cause des expériences de Schönberg et Stravinsky. Le diptyque Cyprès Et Lauriers est un hommage aux victimes et aux héros de la guerre. Pour beaucoup de ses contemporains, Saint-Saëns était alors quelqu'un d'ancien. Et oui, l'héroïsme que l'on entend ici est très français et très XIXe siècle. Pourtant, nous entendons aussi une signature qui va au-delà de Bach, avec des touches occasionnelles de Berlioz et un doux rappel de Liszt. (HJ)plus