Pionnier de génie ou psychopathe tourmenté ? Maniériste ou innovateur baroque ? Tout est possible avec ce noble italien qui a bouleversé les expressions du madrigal vers 1600. Avec des virages chromatiques et des changements harmoniques qui pourraient donner le mal de mer à un auditeur. Le 16 octobre 1590, il tue sa femme Maria, qui a été surprise avec le duc d'Andria "dans un flagrant délit
… de péché lubrique". Il va sans dire que le meurtre a contribué à la renommée de Gesualdo. Néanmoins, le prince mélancolique s'est retiré dans son château pour continuer à développer son univers sonore sulfureux. Cela n'a d'ailleurs fait que renforcer le mythe du noble dégénéré. Le cinquième livre de madrigaux a été publié en 1611. Son contenu peut avoir été composé bien plus tôt. La réputation posthume de Gesualdo est en partie due à Stravinsky, qui a su apprécier le péché mignon des harmonies de Gesualdo. C'est pourquoi Stravinsky a choisi deux madrigaux de ce livre pour son arrangement. Le Collegium Vocale Gent a un son expressif et plein de sang, qui est un peu moins "propre" que dans la performance plus ancienne du Hilliard Ensemble. (HJ)plus