Bach en sait quelque chose : un récital plein de culpabilité, de reproches et de larmes de repentir. L'accompagnement pastoral semble approprié. Ce n'est pas seulement la belle musique de Bach qui nous l'offre. C'est aussi la voix sensible du ténor islandais Benedikt Kristjánsson qui nous est offerte comme un onguent sur les blessures. L'Ensemble Continuum l'accompagne avec soin, malgré le
… choix parfois inhabituel des instruments (dont un marimba). Et puis la figure de Judas, qu'en faire ? Il est entré dans l'histoire comme le quérulent dépravé qui a trahi son maître bien-aimé pour trente pièces d'argent. Le christianisme a fait de lui une figure presque démoniaque, ce qui en a fait un terreau potentiel pour les sentiments antisémites. Plus récemment, cependant, l'image de Judas s'est parfois radicalement inversée, comme ce fut le cas pour la prétendue prostituée Marie-Madeleine. Peut-être Judas était-il le disciple qui comprenait le mieux Jésus, qui sait ? De même, Kristjánsson tente de raconter une autre histoire en utilisant la musique de Bach, du désespoir et du dégoût de soi à la réconciliation. (HJ)plus