On ne sait presque rien de Giacomo Moro (? -1610). Sa date de naissance n'a jamais été retrouvée et on ne sait rien de ses études et de ses activités professionnelles ultérieures. Parce que l'une des rares éditions de sa musique a «di Viadana» après son nom, on suppose qu'il vient de cet endroit. Il n'était presque certainement pas lié au compositeur plus célèbre Ludovico di Viadana
… (vers 1560-1627), dont on ne sait pas grand-chose non plus. Cependant, la musique de ce dernier est bien plus connue que celle de Moro. C'est pourquoi ce CD, réalisé avec le soutien de la municipalité de Viadana, est exclusivement rempli de musique de Moro, pour mettre ce compositeur de la ville à l'honneur. L'ensemble Nova Ars Cantandi, dirigé par Giovanni Acciai, a enregistré une sélection des Concerti ecclesiastici de Moro op.8, qui ont été publiés à Venise en 1604. La collection se composait d'un Magnificat, d'une messe et de plusieurs motets, pour une à huit voix. Ces collections étaient très populaires en Italie à cette époque. Sur ce CD, la messe en huit parties est interprétée intégralement et complétée par un certain nombre de motets. Comme pour Ludovico, le contrepoint de la Renaissance à Moro n'est pas un élément fondamental. La polyphonie de cette musique n'a plus l'allure inaccessible de Palestrina et de sa tradition, mais est plus simple et plus centrée sur les contrastes entre les différentes voix. La partie basse continue rappelle déjà la pratique baroque, sans que cette musique soit vraiment baroque. Le livret se plaint en gros mots du fait que la musique de Moro a été complètement oubliée, mais c'est un peu exagéré. Ces concertos sont de bons exemples de la pratique de la musique religieuse italienne vers 1600, mais Moro n'était pas un grand flyer, bien que sa musique soit très agréable et mérite d'être écoutée. (JvG) _plus