Dans les notes de pochette de l'album The Sky Will Be There Tomorrow, le saxophoniste Charles Lloyd se souvient de son enfance à Memphis. La radio sous l'oreiller, il écoutait
Billie Holiday, dont la belle voix lui faisait oublier un instant le racisme omniprésent dans les États du sud de l'Amérique. Dès qu'il le peut, il s'installe à Los Angeles, mais il ne fuit jamais complètement le
… racisme. C'est précisément ces mauvais côtés de la société que Lloyd considérait comme une motivation pour faire de la belle musique. Le musicien de jazz, aujourd'hui âgé de 86 ans, estime rétrospectivement qu'il était un peu naïf de penser qu'il pouvait rendre le monde un peu plus beau grâce à la beauté de sa musique, mais de nombreux amateurs de jazz ne seront pas d'accord. En 2020, alors que le racisme aux États-Unis (et dans le reste du monde) est à nouveau sous les feux de l'actualité en raison du meurtre de George Floyd, Lloyd ressent la même impulsion que dans sa jeunesse. Il s'adresse au pianiste Jason Moran, au bassiste Larry Grenadier et au batteur Brian Blade. Avec eux, il a enregistré un double album agréable à l'oreille, qui - si ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan - permet à l'auditeur d'oublier pour un moment toute la laideur du monde. (JV)plus